2015 Femme à la barre

Et pourtant ce n’était pas le 8 mars ! L’équipe chargée de l’évènementiel menée par Mathilde Dubois a fourni un énorme travail pour faire de cette régate une véritable journée de la femme.

 

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Le Mot du Président

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Je tiens à remercier tous les membres du club et leurs équipages qui se sont mobilisés ainsi que les bénévoles qui ont oeuvré pour la réussite de cette journée.

" Je suis un Président heureux !!!! "

 

Est-ce la superbe affiche concoctée pour l’avis de course ; le mailing adressé par le comité de course à tous les régatiers inscrits sur ses fichiers ; la publication du journal Sud-Ouest ou les annonces de Fréquence Grands Lacs (FGL) … Toujours est-il que les femmes se sont incrites en nombre à l’édition 2015 de « Femme à la barre ». Un nouveau record est battu avec 30 bateaux inscrits dont 27 barrés par des femmes.

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L’équipe d’encadrement était présente dès 9 heures du matin pour accueillir les bénévoles et les coureurs sous un barnum et leur offrir un super petit déj’ (merci à Frédéric Gilsanz « Le fournil D’antan » pour ces délicieux pastis) et des Tee-shirt à l’effigie du « Corto-Bar Bisca-Beach ».

Des portraits individuels des concurrentes sont tirés pour un admirable trombinoscope de cette mémorable journée et des tickets de tombola sont offerts à tous les participants (le tirage au sort aura lieu après la régate).

A 11h30 Ghislaine Lalo, une vraie pro, dirige avec maestria une séance de srtetching très appréciée par l’ensemble des candidates. Apparemment les équipiers d’un jour se sont montrés moins courageux pour cet échauffement ... Sans doute réservaient-ils toutes leurs forces pour la course !

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A l’heure du pique-nique d’avant course on ne trouvait plus une place de libre sur le parking et on a même manqué de tables !... Débordé par son succès le YCIB va encore devoir augmenter son équipement.

Puis ce fût la surprise du jour : Les délicieuses tartes préparées par Frédéric ont été coupées et servies par la gente masculine du club. Et oui, comme quoi tout peut arriver !

Avec le briefing de 13h30 les choses sérieuses ont commencé. Xavier Boulois, président du comité de course est assisté par Jean-Michel Guyot, Daniel Masseau et Jacques Hélin.

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Il propose un parcours de 10,5 miles nautiques avec un départ original de Mayotte vers la bouée Ouest sans passer par la traditionnelle bouée de dégagement qui suit habituellement la ligne de départ. Il faut éviter un risque d’embouteillage et de collision. Si de nombreuses skippeuses sont déjà aguerries, d’autres font leur début à ce poste et on sait bien que les départs de course sont parfois très chauds.

Xavier appelle à la prudence et au fairplay et rappelle que seules les femmes peuvent barrer, leurs équipiers ne sont autorisés à les assister qu’en cas de risque imminent, notamment au moment du départ où tous les bateaux sont regroupés.

Le départ est donné sous un vent modéré d’ouest (8 nœuds). Les équipages rompus à la course se pressent sur la ligne de départ alors que les néophytes se tiennent prudemment en retrait. Les spectateurs, depuis la plage d’Ispe, peuvent admirer le déploiement des voiles sur le plan d’eau.

Alors que les plus rapides se battent déjà pour le podium les nouvelles barreuses s’efforcent de limiter les écarts qui se creusent et engrangent de l’expérience.

Le vent vire au nord et forcit légèrement (10 nœuds) avec quelques rafales à 12 nœuds. Les bouées s’enchainent : ouest (tribord) ; est (tribord) … Parmi les équipages on assiste à un sérieux duel entre les deux plus petits rating de la course (6,5).

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« Viper » mené par Emma Dymock à la barre et son époux Craig aux manœuvres (tous deux habitués aux régates internationales, avec plusieurs Fastnet et autres transat à leur actif) lutte face à « Pink Water ». Martine Daligault à la barre est moins expérimentée mais elle est assistée par le duo de choc Pierre Roméro (habitué des podium et actuellement 2ème au classement 2015 de la ligue Aquitaine) et Yvon Olivier qui profite de ses vacances en France pour venir régater avec son club.

Emma sait que Pink Water peut être légèrement plus rapide que Viper. Elle opte pour un très long bord entre Maguide et Ouest avec un unique virement. L’option paye. Viper profite des adonnantes pour virer en tête la bouée Ouest. Sur le dernier bord le vent est instable et le spi difficile à tenir. Pink Water reprend du terrain mais ne pourra pas refaire son retard.

Emma gagne le trophée 2015 avec un temps compensé de 1 :53 :59. Martine prend la 2ème place avec 25’’ de retard.

Pendant ce temps les gros rating (20,5) se livrent aussi à une belle joute. Régine Ducom barre « ENER’J » tandis que son époux Pierre est aux manœuvres. Arrivés premiers en temps réel ils seront troisième en temps compensé à 3 secondes du 2ème et seront suivis de peu (48’’) par TRILO’J (Camille Sanchez à la barre avec Lacasse Olivier, Christian et Jean-Claude Sanchez aux manœuvres).

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Tous les autres candidats vont suivre peu à peu. L’édition 2015 de « Femme à la barre » n’aura connu ni casse, ni abandon, ni contestation. Ce beau résultat, tout à l’honneur des barreuses ne peut que les encourager à être encore plus nombreuses lors de la prochaine édition. Et le YCIB se félicite du fairplay des coureurs et de la convivialité qui a régné sur le plan d’eau.

A leur retour les compétiteurs ont eu droit à des rafraichissements mais aussi à une séance de manucure très appréciée (merci à Manon Wlamynck assistée par Maeva Dos Santos). Le matériel et les cadeaux ont été gracieusement offerts par « Vague de beauté » - Leclerc Biscarrosse. Puis une photo du groupe des barreuses est venue immortaliser l’édition 2015 de « Femme à la barre ».

 

Avant l’annonce des résultats et la remise des récompenses Michel Girard a présenté une démonstration de Katana yay (sabre japonais) puis Gérard et Anna Bernard ont conduit une séance d’initiation de self-défense.

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Lors de la remise des récompenses les responsables ont adressé des remerciements particuliers aux femmes pour leur belle participation, aux sponsors pour la générosité de leur soutien et à tous les bénévoles qui ont participé à la réussite de cette journée.

Pour clore la journée de nombreux lots ont été tirés au sort : sacs, casquettes et porte-sacs offerts par le Crédit Mutuel mais aussi soins de beauté offerts par « Vague de beauté » ; percing et tatouages offerts par « Arts beach tatoo » et baptêmes de plongée offerts par l’école de plongée toulousaine.

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Puis les participants ont pu prendre un repas en commun avant que chacun ne se sépare en se souvenant qu’un évènement en suit un autre : les samedi 15 et dimanche 16 août aura lieu le trophée Ducom. Venez nombreux et n’oubliez pas de vous inscrire pour la soirée pizza !!!

G. Moreaud

 

Copie de l'article paru dans SudOuest le samedi 15 août 2015

Violette Artaud, journaliste à Sud-ouest

Les femmes à la barre

Le week-end dernier, le club de voile d'Ispe organisait une régate un peu particulière. La consigne? De la ligne de départ à la ligne d'arrivée, seule une femme pouvait tenir la barre du bateau.

 Il existe une légende de marins selon laquelle les femmes portent malheur. Si la superstition dit vrai, le Yacht Club d'Ispe-Biscarrosse est mal barré. 40% des membres sont des femmes. Soit dix points au-dessus de la moyenne nationale, selon André Magota, le Président du club. Une fierté pour ce vieux loup de mer qui accueillait le week-end dernier la régate "Femme à la barre".

Il y a cinq ans, André Magoga a initié l'événement suite à un constat. Paradoxalement, les femmes sont trop peu souvent aux manettes des voiliers. "Barrer un bateau est une action très sensuelle. Il faut être à l'écoute de ce que l'on ressent, attentif à l'eau, au bateau, au déplacement des équipiers... Pour cela, les femmes sont plus douées que les hommes." explique André. Dimanche dernier, il a régaté avec sa fille, Juliette, pour qui barrer est une habitude. "Je suis presque née dans un bateau. Moi je tiens la barre pendant que "chef" fait ses réglages. Parfois, on échange" raconte la jeune fille. Bien sûr, il n'y a qu'un maître à bord et c'est le rôle d'André. Mais ce dernier attache de l'importance au ressenti de sa fille: " Quand elle n'est pas à l'aise, elle me le dit et je fais en sorte de régler autrement la voilure du bateau" précise-t-il. Sur l'eau, le père et la fille tentent de naviguer en complicité. La concertation est permanente, rapide.

Mathilde, elle, a navigué avec des équipiers qu'elle ne connaissait pas. Elle aussi fait partie des habitués du club de voile d'Ispe. Petite, elle venait naviguer sur le lac avec ses grands-parents. Aujourd'hui, on dit d'elle qu'elle est une pirate: la jeune femme aime embarquer sur des bateaux différents, découvrir de nouveaux équipages. Un peu avant la régate "Femme à la barre", un coureur l'a appelé pour lui proposer de barrer son bateau. Elle a tout de suite accepté, histoire de "prendre la météo". Sur l'eau, elle a l'habitude de laisser le propriétaire du bateau prendre les décisions. Mais il a plutôt intérêt à être efficace. "Si jamais ça parlemente trop, j'ai une stratégie: je fais tourner le bateau en rond jusqu'à ce qu'ils se décident" se marre-t-elle.

La compétition "Femme à la barre" est aussi l'occasion de faire naviguer des femmes peu expérimentées. Martine n'avait pratiquement jamais mis les pieds sur un bateau. Dimanche dernier, elle a pourtant barré le bateau de Michel, un ami. La régate lui laissera des souvenirs forts. "Quand vous voyez tous ces bateaux s'élancer sur la ligne de départs, c'est très stressant." s'exprime-t-elle avant de poursuivre "mais après, c'est un réel bonheur". Garder le cap, rester concentrée sur la voile, essayer de bien prendre le vent comme le lui indiquait Michel, Martine a tâché d'être une bonne élève. Pour elle, la mission est accomplie: " J'ai réussi à ne pas le faire passer par-dessus bord, c'est l'essentiel. Et je recommencerai avec plaisir" s'amuse la barreuse en herbe avec beaucoup d'autodérision.

Enfin, il y a celles qui "râlent mais sont contentes au final". Grand chapeau en paille et lunettes de soleil noires sur le nez, Claire explique sa participation à la régate "Femme à la barre" ainsi: "C'était uniquement pour lui faire plaisir à mon mari! Moi je suis plutôt farniente à l'avant du bateau". Mais si son homme lui redemande l'année prochaine, Claire acceptera de barrer à nouveau le bateau. Elle avoue d'ailleurs avoir passé "une bonne journée".

Poussées par des raisons différentes, ces femmes ont éprouvé le même plaisir à diriger, le temps d'une régate, un navire. Dans le monde de la voile, la place qui doit leur être accordée suscite le débat. Certains considèrent l'organisation de ce type d'événement nécessaire pour rétablir un équilibre et permettre aux femmes de s'affirmer. D'autres pensent au contraire que la gent féminine doit elle-même prendre les devants. Au club de voile d'Ispe, les femmes ne manquent pas de place et disent ne pas ressentir de machisme. Elles trouvent toujours un équipage qui accepte de les embarquer. Mais aucune ne dispose pour l'instant de son propre bateau. On dit souvent qu'il n'y a qu'un seul maître à bord: alors, à quand la régate Femme capitaine?